Voix du Maghreb – Entretien Avec Guitariste Jack Djeyim

Voix du Maghreb – Entretien Avec Guitariste Jack Djeyim

« Le goût de l?harmonie classique, l?improvisation du jazzman, les atmosphères nostalgiques du Sahel ou les polyrythmies saccadées de l?Afrique centrale se résument dans un style afro-jazz-fusion, ou les influences diverses ne dénaturent pas l?atout principal de cet artiste à la personnalité inclassable : un phrasé assez original, avec un picking bien reconnaissable par la maîtrise des accords et la sincérité expressive qui l?éloigne de toute attitude cérébrale. »

Jack Djeyim

Où avez-vous grandi ? Parlez-moi de votre enfance.

Je suis né à Douala, au Cameroun. Je suis issu d?une famille de sept enfants dont je suis le quatrième ? de famille modeste, une mère au foyer et un père commerçant.

Quand avez-vous commencé à apprendre la musique ? Quelle a été votre éducation musicale ?

J?ai commencé à jouer de la guitare à l?âge de 15 ans. Je m?amusais à emprunter la guitare de mon voisin tailleur après mes cours au collège, je passais mes après-midi à gratter sur la guitare et interpréter quelques standards locaux. Après quelques années d?apprentissage, le patron d?un club de Bafoussam, « La paillotte », est venu chercher des musiciens à Douala pour son club, et ce fut ma 1ère expérience en tant que musicien de club.

Après deux années dans cette ville, je décide de partir pour le Nigéria. Je passe cinq années dans ce pays en tant que « musicien guitariste accompagnateur » – de Géraldo PINO, Tony Okorogie et beaucoup d?autres.

En 1984, je pars pour l?Europe dont 6 mois à Madrid; en 1985, j?arrive à Paris et deux années plus tard je m?inscris au conservatoire de musique (IACP PARIS 11) pendant quatre ans.

Parlez-moi de vos plus merveilleuses expériences musicales.

Ma plus belle expérience en tant que musicien est la rencontre avec Manu DIBANGO à Paris; et aussi ma grande tournée africaine en 1983, pour la première libération de prison de FELA au Nigeria. Comme artistes principaux sur scène, il y avait ROY AYES, GERALDO PINO et FELA.

De quels types de guitares jouez-vous ?

Je joue de la guitare électrique et acoustique, je suis un gaucher qui joue en position de droitier.

Pourquoi avoir choisi celles-là ?

C?est l?instrument qui est venu vers moi.

Jouez-vous d?autres instruments ?

Basse, piano à pouces (sanza), percussions.

Vous êtes installé en France à présent. Est-ce un endroit favorable pour un artiste comme vous ?

J?habite Paris, j?aime cette ville magnifique. Concernant ma carrière sur la place parisienne, les choses avancent doucement.

De quelles conditions avez-vous besoin dans votre vie pour être créative ?

Je souhaiterais avoir une maison de disque, pour être plus libre dans ma création et ne pas avoir à investir financièrement dans ma production et ma promotion.

Êtes-vous inspiré par certains livres ? Par des films ? Par la vie quotidienne ?

J?aime lire. Par contre, je suis plus inspiré par les faits divers.

Quelles pensées et quels sentiments le nom « Afrique » suscite-t-il en vous ?

Grandeur, beauté, rythme, chant, danse, et tout simplement « MON HISTOIRE ».

Êtes-vous fidèle à une croyance religieuse ou à une idéologie politique ?

Mes idéologies et ma religion, c?est « l?AMOUR ET LE PARTAGE ! » Et mon arme : « MA GUITARE ».

Comment êtes-vous parvenu à un style personnel aussi éclectique ?

C?est une combinaison de plusieurs musiques africaines, en partant de l?est à l?ouest et du nord au sud.

Quels sont vos projets pour la prochaine année ?

L?année prochaine, je prévois de sortir mon nouveau concept « tradi/moderne » (Sanza Trio Family).