L?article qui suit est composé d?une entrevue avec Bachzoul Machilyes (un pseudonyme), un ingénieur Algérien travaillant avec Sonatrach, une société pétrolière multinationale en Algérie. Il est l?auteur de Hout Yakoul Hout [Le Poisson Mange le Poisson].
Quelles circonstances vous ont amené à écrire Hout Yakoul Hout ?
La marginalisation au sein de l?entreprise : l?hébergement, le poste de travail, la carrière, la façon dont on a été traité concernant la distinction entre nous et nos collègues SONATRACH(SH).
Quel est votre emploi ? Quelles sont vos fonctions ?
Je suis ingénieur, j?assume le poste de maintenance des équipements au niveau du CPF (l?usine) et des puits, ainsi que la planification des nouveaux équipements; mais, dans la pratique, on peut assurer les tâches refusées par nos collègues SH (c?est ce qui se passe dans quelques entreprises, pas toutes).
Comment êtes-vous traité dans votre travail ?
On est traité injustement depuis notre recrutement; pourtant on a le même nationalité, diplôme, niveau – sauf qu?on a été recruté en tant que sous-traitants, puisqu?on n?est pas pistonné [ils n?ont pas d?appui ou de recommandation pour les aider à obtenir un poste ou de l?avancement (NDR)] Donc, de cette manière, on perd tout ce qui nous revient de droit. À votre avis, si on ne partage pas le même restaurant, la même chambre et qu?on n?a même pas le droit d?accéder à la salle des sports et aux formations (c?est ce qui se passe dans quelques entreprises, pas toutes) . . . ? Et si on fait des essais ? Comme il est arrivé à plusieurs de mes camarades, un jour où on a pris notre déjeuner avec nos collègues de SH, on a eu directement un avertissement par émail qu?ils prendront des mesures disciplinaires, si on n?obéit pas.
Etes-vous autorisés à former un syndicat ou à adhérer à un existant ? Pourquoi et pourquoi pas ?
Impossible, si on fait quoi que ce soit on est facilement licencié. Ils n?ouvrent pas le droit à plusieurs choses tant qu?on est des sous-traitants.
Mais les sous-traitants n?ont pas croisé les bras sans rien faire aux niveaux de ces entreprises; ils ont adressé plusieurs demandes écrites à différents niveaux et ils n?ont reçu que des promesses verbales de leurs responsables. Et juste avec les mouvements au Moyen-Orient, la situation change de plus en plus puisque les sous-traitant ont fait plusieurs types de revendications tels que : renversements de badge, rassemblements (devant le resto, l?administration, la base de vie . . . ), ports de banderoles, boycottages de repas, etc.
Comment sont les problèmes avec la sous-traitance, par rapport aux problèmes politiques de l?Algérie et du reste du Moyen-Orient ?
Ce problème n?est pas relié à une société en particulier; mais il est exactement lié à la sous-traitance en Algérie, qui existe surtout au niveau des sociétés pétrolières.
D?autre part, le problème de la sous-traitance est purement politique puisque le président et son premier ministre ont essayé à plusieurs reprises de mettre fin à cette méthode de recrutement illégale mais sans résultat et ça depuis 3 ans. Les responsables sont à mon avis désignés dans Hout Yakoul Hout par « l?ensemble des complexes », qui est une ligne rouge dont il ne faut pas savoir la signification – « très connue en Algérie, la sous-traitance est gérée par des ALGÉRIENS (toutes en majuscules) ».
Je ne pense pas qu?il existe une relation entre la sous-traitance en Algérie et le Moyen-Orient; sauf qu?il y a une ressemblance dans l?inégalité entre les citoyens dans ces pays, puisque ce que je nomme comme l?ensemble des complexes dans « H.Y.H » existe, bien sûr, dans tous les pays du Moyen-Orient et de l?Afrique du Nord.
Dans Hout Yakoul Hout, vous faites référence à une situation d?inégalité. Qu?est-ce qui se passe si cette situation perdure ? Comment les inégalités pourraient-elles être corrigées ?
Si cette situation perdure, on arrive à une situation pire, comme actuellement en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen, en Syrie . . .
Mais heureusement cette situation sera presque régularisée à cent pour cent à partir du 1er juillet 2011 : cette forme de recrutement n?existera plus, comme il a été décidé.
Que souhaitez-vous voir arriver dans le futur ? Avec les sociétés en Algérie ? Avec l?Algérie ? Avec les pays arabes ? Dans votre propre vie ?
Je souhaite l?égalité, le statut de mérite ; qu?on mette les moyens nécessaires pour l?évolution en étant en même temps stricts dans le travail; que chacun assure ses tâches; que ces sociétés se développent de plus en plus avec l?Algérie; que chaque Algérien ait sa part, puisque l?Algérie appartient à tous les Algériens. Elle a été libérée par tout le peuple, donc il est temps de reprendre nos droits et richesses pour pouvoir nous développer.
Donc, je souhaite ne plus entendre le mot sous-traitance en Algérie et dans le monde entier, puisque c?est un esclavage moderne rendu légal par des tours de force, par la création de sociétés de sous-traitance qui sont gérées, comme je l?ai cité dans « H.Y.H », par l?ensemble des complexes.