Extrait du poème : “J?ai chanté” :
Dans mon éternité, mon fiel et mon ivresse
L?on m?a dit d?un élan plus fiévreux que le jour
“ Que t?importe la rose insidieux troubadour
Puisque dans ce monde elle n?est plus enchanteresse
Puisque le capital est despote absolu
Que la réalité est le seul viatique
Ton idéal brumeux n?est que chimère antique
Qui se fait complice à ton songe révolu
Kamal Benkirane a commencé sa carrière littéraire dans sa ville natale, Casablanca, au Maroc, en écrivant pour des journaux, magazines locaux, et tout en enseignant là-bas. Il rejoint des sociétés littéraires et poétiques et gagne des prix littéraires en France. Il s’installe au Québec en 2001 pour étudier en Éducation à l’Université de Montréal. (Les ormes diaphanes), est son premier recueil de poèmes. Il a été publié en 2005 par la maison d?édition (Fondation Fleur de Lys), au Québec. Il a beaucoup ?uvré pour la promotion littérature francophone du Maghreb en Amérique du Nord. Il publie en 2006, aux éditions L’Harmattan, de France son livre (Culture de la masculinité et décrochage scolaire des garçons au Québec), qui a été suivi en 2010 par un autre recueil de poésie (Dans la chair du cri), publié aux Éditions du Cygne, en France, et en 2013 par un autre recueil publié en France (Feuillets de l?aube)
Kamal Benkirane a beaucoup oeuvré pour la promotion de la culture marocaine au Canada et pour la création de passerelles d?échanges en ce qui a trait à l?altérité et à l?interculturalité, et à la fusion entre la littérature et les technologies d?information.
Voici son blog : http://landalou.blogspot.ca
En quoi votre éducation communautaire contribue à votre imagination créatrice?
Dans ce contexte-ci, la poésie a besoin de solitude et de méditation, et ce qui a contribué en plus à cette imagination créatrice, c?est la lecture, ou plutôt la variété dans mes lectures, la confrontation aux textes et l?initiation à un certain esprit poétique auquel j?ai adhéré à travers mes lectures pour un souci de fusion entre l?esthétisme et la poésie. Donc, l?éducation est un tremplin qui enrichit le parcours par les rencontres, les lectures et surtout l?expérimentation. Une éducation rigide générera probablement une expression poétique conservatrice, le contraire pour une éducation plus ouverte sur le monde. La solitude reste pourtant un moteur essentiel pour donner à la créativité le ton, le style et la contenance qu?il faut.
Avez-vous déjà eu l’impression que cette imagination a été envahie par les autres? Pourquoi?
Cette imagination a été plutôt enrichie par les autres. J?ai écrit des textes poétiques sur le pauvre qui ne touche pas grand chose comme salaire et qui a de la difficulté à boucler le mois comme j?ai écrit sur le riche qui ne manque de rien et qui s?évertue à regarder les gens d?en haut. J?ai écrit des textes sur les cas sociaux aussi tels que l?hypocrite, le mal aimé, l?idéaliste, etc. Je crois qu?il ne faut pas que l?imagination se rétracte et se ferme à tout ce qui lui vient de l?extérieur et ou a ce qui est inhérent à la réalité car l?ouverture est nécessaire pour varier l?imagination. La souffrance est aussi un élément majeur pour permettre la maturité dans la création, le questionnement, la stylistique, etc. La souffrance est un cheminement vers la pureté, vers l?élévation au-delà des sens.
Lorsque vous avez aimé, tout jeune, les bandes dessinées. Avez-vous déjà envisagé de collaborer avec d?autres artistes pour mettre vos poèmes dans le format d’un roman graphique?
En réalité, je n?ai jamais imaginé envisager une collaboration pour ce qui est de mettre mes poèmes dans le format d?un roman graphique. Ma conception a toujours été et reste au niveau de l?écriture des textes poétiques, romanesques, nouvelles, ce n?est pas plus une censure du roman graphique ou des bandes dessinés qu?une tendance à donner au littéraire une vision du monde, un style, une conception existentielle personnelle qui consiste à faire des mots non seulement un moyen de naviguer et de surfer sur le réel et l?abstrait mais de les utiliser comme moyen graphique par la tournure des styles, par la métaphore, le format des textes, etc.
Comment définiriez-vous le rôle du rythme dans la poésie?
Le rythme dans la poésie peut facilement être interprété en musique. Le rythme est musicalité, chant et son. Le rythme en poésie accapare les autres, attire l?attention. Ca pourrait donner envie de prendre tout de suite sa guitare, de gratter les cordes, d?enlever un mot et le changer pour donner au rythme plus de saveur. Le rythme devrait être interprété comme un complément pour émouvoir les autres par les mots et le chant, et je pense que c?est un idéal de faire combiner le rythme et le mot sur la même longueur d?onde
Pouvez-vous nous donner une de vos lignes préférées de Rumi et expliquer pourquoi vous les aimez?
Djalal ad-Din Muhammad Rumi est un mystique persan musulman qui a profondément influencé le soufisme. Djalal-el-dine veut dire « majesté de la religion » (de Djalal, majesté, et dine, religion, mémoire, culte). Rumi est un poète perse soufi que j’avais découvert en même que Khayyâm. Mon intérêt pour le soufisme vient de la particularité et du cheminement de ce courant comme étant une voie intérieure apparue avec la révélation prophétique de l’islam. Dans Soufisme, il y a *Safa* qui veut dire clarté ; limpidité, qui signifie finalement « pureté cristalline », Les poètes soufis recherchent l’intériorisation, l’amour de Dieu, la contemplation, la sagesse, c?est une tendance initiatique et une quête de la pureté. J?aime beaucoup cette poésie qui est une tendance marquée pour tout ce qui est quête de la pureté, de la vérité en cherchant de l?intérieur.
Voici finalement quelques textes de Rumi qui sont non seulement poétiques mais dans la profondeur est marquante :
Je suis de cette ville
qui est la ville de ceux qui sont sans ville
Le chemin de cette ville n’a pas de fin
Va, perds tout ce que tu as,
c’est cela qui est le tout.
Sois comme l’eau pour la générosité et l’assistance.
Sois comme le soleil pour l’affection et la miséricorde.
Sois comme la nuit pour la couverture des défauts d’autrui.
Sois comme la mort pour la colère et la nervosité.
Sois comme la terre pour la modestie et l’humilité.
Sois comme la mer pour la tolérance.
Ou bien parais tel que tu es ou bien sois tel que tu parais.
~ Djalal ad-Din Muhammad Rumi